Open, mais pas trop…

  je tiens en quelques lignes à vous faire partager mon expérience avec les organisateurs du salon « Solution Linux Open Source » qui se déroulera au CNIT les 19, 20 et 21 juin prochains.  En effet, étant membre de certains « cercles » , j’ai reçu une invitation à déposer un dossier afin de présenter une session sur l’un des thèmes abordés pendant le salon. Trouvant dans la liste des thématiques, la section « Sécurité / Identité », j’ai tout naturellement proposé deux conférences techniques abordant les thèmes de l’interopérabilité (déjà abordé pendant les Microsoft Techdays 2012) et concernant la gestion des identités en environnement poste de travail Linux.

Après avoir patiemment renseigné un dossier de candidature, expliqué mon background, mes propositions, les intérêts d’une session basée sur le thème de la gestion des identités (cela me semble tout de même un thème important dans un environnement professionnel…) j’ai alors attendu une réponse des organisateurs. Je tiens bien sur à préciser que ce type de participation en tant que Speaker est complètement gratuite, et que cela me coute même un peu d’argent pour me « téléporter » sur Paris (« Scotty ? Téléportation ! »).

Quelques jours après le dépôt du dossier, j’ai reçu l’appel d’un « collaborateur du salon » m’indiquant la bonne réception de mon dossier et me proposant de « prendre » (comprendre « acheter ») un emplacement en tant qu’exposant sur le salon, m’indiquant que bien évidement, la plupart des speakers « faisaient partis de sociétés exposantes »… L’obligation d’avoir un stand exposant (et donc de payer) pour devenir speaker n’était pas exposée frontalement, mais… clairement explicite.

Après un refus poli de ma part, mon interlocuteur coupa court à la conversation en me souhaitant tout de même une très bonne journée. Merci.

Quelques jours après ce coup de téléphone, je reçu un e-mail de la part des organisateurs du salon m’indiquant que ma candidature en tant que speaker n’était pas retenue dans la thématique « Sécurité / Identité ». Comme vous l’imaginez, ce refus ne m’a pas surpris outre mesure tant la conversation précédente fut explicite…

Décapitons immédiatement les malentendus, bien sur je me serais fait une joie de participer à un tel salon en tant que speaker, et bien évidement je comprends tout à fait que les choix de speakers soient cornéliens et que mon CV ne soit pas le plus adapté à une présentation sur le salon « Open Source » – néanmoins, deux faits totalement dé corrélés de mon ego possiblement surdimensionné ne sont pas discutables:

1/ Le rentre dedans du commercial me « conseillant fortement » de payer un stand pour améliorer mes chances d’être retenu en tant que speaker

2/ Au 18/05/2012, la pauvreté de la track « Sécurité / Identité » – je vous laisse seul juge – en fait il n’y a rien…

 

 

 

Ne vous inquiétez pas (si si je vous sens inquiets là…) l’intervenant unique sur la thématique « Sécurité / Identités »  travaille bien pour une société qui expose… ouf !!!

Bref, au delà de cette anecdote (au final ce n’est que cela…), certains éléments me désolent:

  • Le peu d’ouverture d’esprit des organisateurs (pour un salon dit « Open » c’est un comble) ainsi que la « méthode » de sélection ou d’enrôlement (au choix)
  • Le peu de vision de ce que Linux peut apporter dans l’entreprise, même sur le poste de travail (et il peut apporter beaucoup) et la non connaissance des implications de cette vision sur la gestion des identités de façon globale
  • Le sectarisme affiché pour des profils « d’origine non-Linux » ; pour rappel, sans le support de Microsoft, pas sur que le salon existerait encore…

Je rajouterai, que malgré des attaques parfois très ouvertes de ma part envers Microsoft, je n’ai jamais, je dis bien jamais reçu en retour la moindre remarque, menace ou pression – cela n’est JAMAIS arrivé, et pourtant je ne me gène pas.

Bref, certains penseront que ce billet n’est ici que pour me venger de n’avoir pas été retenu et que j’ai un ego gros comme une citrouille, mais ceux qui me connaissent bien savent plutôt que si j’ai pris 15 minutes pour écrire ces qq mots, c’est que l’attitude de certains me désole franchement… Il y a tant à faire avec Linux et il y a tant à faire en faisant cohabiter le monde Microsoft et le monde Linux, et pour le bien de tous. Tant pis.

 

6 thoughts on “Open, mais pas trop…

  1. Thomas 20 mai 2012 / 9 h 09 min

    Il n’y a rien d’open dans ce type de salons, c’est organisé par des boites qui vont faire un salon sur la voip un jour, la crm le lendemain puis sur tout autre chose. Ils surfent juste sur les thématiques du moment. Et a chaque fois la recette est la meme, on te vend un package avec un emplacement et une prise de parole a une table ronde. Plus ton stand est gros (plus tu paies cher), plus tu auras de visibilité. On dupe les visiteurs avec des conferences et des sujets interressants qui ne sont en fait que des presentations commerciales pour les exposants présents. Nul besoin d’etre un expert reconnu d’ailleurs, tu achètes simplement un emplacement publicitaire.
    http://www.tarsus.fr/main.php?p=/tarsus/contenu&mid=43&sid=321
    Il doit bien avoir des vrais evenements open source organisé par la communauté, mais celui là n’en est pas un.

  2. Fabrice 22 mai 2012 / 11 h 56 min

    C’est en effet bien malheureux, mais comme le remarque si justement Thomas, tant que ce type d’évènements seront organisés par des organismes privés dont le seul intérêt et le profit commercial la « communauté » sera entachée d’une image marketo-bénéficio-merdique.
    C’est malheureux qu’en France, un des pays ou l’Open Source est très représenté, l’image rendu soit aussi pauvre. Cela rejoins la tentative minable et ratée des institutions gouvernementales pour se mettre « au libre », résultat, les sociétés de services impliquées plus motivées par le profit que par le geste ont surtout pompé du fric à l’état (au passage c’est nous contribuables qui payons l’addition), plutôt que de déployer intelligemment la chose.
    En même temps il n’y a qu’a regarder le niveau technique réel de ces sociétés de service dites « libres » pour comprendre l’étendu des dégâts.
    Un peu plus de professionnalisme dans le monde du libre (et non ce n’est pas incompatible), permettrait peut être enfin de faire la part égale à des solutions qui en valent la peine.

  3. Laurent 22 mai 2012 / 15 h 14 min

    J’ai travaillé il y a qq temps sur un projet d’implémentation d’une solution libre dans un grand ministère régalien (je suis informaticien dans une grande SSII) – je rejoins la remarque de Fabrice – ce ministère a choisi de consacrer tout son budget pour réinventer une roue déjà créée depuis longtemps chez Microsoft et IBM – le coût était tellement élevé, qu’il a fallu masquer les dépassements en imputant d’autres projets parallèles – mon commercial était super content, je ne suis pas sur que le contribuable moyen aurait apprécié.

  4. Sylvain 22 mai 2012 / 22 h 48 min

    Messieurs,

    je partage en grande partie vos commentaires et remarques.
    Néanmoins, je reste persuadé que les principaux responsables sont les « leaders » technologiques des solutions Linux/Open. En effet, à force de cultiver cette pseudo virginité de pucelle effarouchée, et de jouer la carte du bien contre le mal (la plupart des linuxiens adorent StarWars, isn’t it ?), les solutions Linux/Open s’enferment dans un carcan bien étroit.

    En effet, il n’y a pas une solution universelle dans l’informatique, aucune solution n’est possiblement ubiquitaire: il y a des solutions adaptées à chaque besoin ou situation.

    Maintenant parlons des faits.

    Est ce qu’il y a mieux que Microsoft Office en terme de suite bureautique ?
    La réponse est non.
    Donc, lançons des tomates aux mairies qui s’entêtent à vouloir répandre OpenOffice, LibreOffice ou StarduXOffice sur les postes clients. Cela n’a aucun sens.

    Est ce qu’il y a mieux que Linux/Tomcat/Apache/Lamp/Drupal pour faire de l’hébergement Web ?
    La réponse est non.
    Il existe une communauté active et performante sur ces sujets, donc arrêtons les délires de ceux qui pensent que IIS peut être la référence en la matière.

    Est ce qu’il y a mieux qu’Active Directory en tant qu’annuaire d’entreprise et de référentiel d’authentification ?
    La réponse est non, non et non.
    Et pourtant, il existent bien des briques de type OpenLDAP et Kerberos MIT, mais franchement, comparons ce qui est comparable, déployer une environnement OpenLDAP/Kerberos MIT est une blague en terme de cohérence, de support professionnel et de stratégie réfléchie pour une organisation qui veut rationaliser ses coûts.

    Est ce qu’il y a mieux que Windows 7 sur le poste client ?
    La réponse est nuancée.
    Je dirais qu’à court terme la réponse est non, est cela est de la faute des « gourous » Linux eux-même et des éditeurs portants des offres commerciales. Quand je vois la pauvreté du niveau technique des propres ingénieurs de support RedHat, c’est à pleurer, aucun professionnalisme, aucun suivi, un niveau technique déplorable… Si Microsoft proposait un support professionnel de ce type, on hurlerait au scandale et au vol organisé…

    C’est un débat compliqué, presque éprouvant et parfois passionné, mais il suffit de rester sensé et objectif pour analyser les différente situations et options technologiques. Encore une fois, il n’y a pas de réponse toute faite, il faut analyser le besoin et faire correspondre les éléments techniques qui répondent à ce besoin.
    Il est pour moi clair que tant qu’un éditeur ne va pas prendre le taureau par les cornes et ne va pas proposer un VRAI service professionnel, cela va être dur pour Linux sur le poste client – peut être que Canonical est cet acteur, à suivre.

  5. Marc Lognoul 23 mai 2012 / 13 h 14 min

    Bonjour,

    Personnellement, cela doit bien faire 15 ans que je m’évite ce gendre de débats inutiles.

    L’IT est mon métier pas ma religion, ce qui prime c’est donc la satisfaction du client tenant compte de ses besoins, de son budget et des perspective à moyen terme des fournisseurs impliqués (le long terme en IT est une illusion, ce qui compte c’est de sécuriser à 3 ou 5 ans l’investissement).

    Dans ce domaine, les technologies non-MS dites libres jouent déjà un rôle important (combien de composants, réseau, de systèmes de contrôle, NAS, messagerie et autres services des FAI, télévision IP fonctionnent grâce à celles-ci…) mais bien sûr, cette visibilité moindre frustre certains qui font de leur métier une croisade.

    D’un autre côté je trouve les initiatives de MS en ce domaine, CodePlex par ex, très utiles et fort heureusement exemptes de ces débats idéologiques.

    Je voudrais juste souligner qu’Open Source ne veut pas nécessairement dire « Linux » et vice-versa, cette vision est injustement réductrice.

    Marc

    PS : Perso j’avoue avoir été un peu choqué par l’obligation de payer pour être speaker… C’est presque le monde à l’envers.

  6. ISS Laurent 23 mai 2012 / 20 h 34 min

    Discussion passionnante et passionée!

    Personellement, le logiciel est mon gagne pain, mes convictions poliques passent après les choix techniques : obligation de moyens ou obligation de résultat ? Le déploiement avec .Net est tellement facile…

    Au dela des considérations techniques, la question qui se pose est un choix de société :
    1. Un modèle unique, centralisé, propriétaire pour un monde (déja) dépendant d’une multinationale ?
    2. Un sympatique mélange culturel expérimental, libre (?) et créatif.
    Le monde logiciel echappera-t-il aux lois du plus fort ?

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